Joëlle ne l’avait pas dit. Nous étions ravis d’apprendre que notre membre s’est surpassée… et qualifiée pour le Championnats du monde Ironman 70.3 à Nice !
Son témoignage:
“L’an dernier, j’ai ressenti le besoin de me lancer un nouveau défi. Depuis Kona en 2016, je n’avais plus fait de tri en compétition et cela commençait à me manquer. Etant complètement à côté de ma forme mais caressant l’espoir de revenir à un niveau correct dans un temps relativement court, j’ai décidé de m’inscrire sur le 70.3 du Sri Lanka, prévu pour le 24 février 2019. Je ne voulais pas y passer la saison; il fallait que ce soit un truc vite plié où je n’ai pas le temps de m’ennuyer. J’avais exactement 3 mois: un délai parfait !
J’ai passé l’hiver à rouler par des températures négatives, me prendre des rafales de vent au bord du lac à 6 h du matin en course à pied…. J’ai dû vraiment serrer les dents. Malgré le fait que j’ai eu beaucoup de chance avec la météo, très peu de pluie ou de neige en ville, j’ai dû enclencher le “mode warrior”, celui où tu penses à rien, tu te poses pas de questions, tu y vas et c’est tout !
En natation, j’ai dû recommencer les entraînements dans la dernière ligne… Dur pour le moral. A force de volonté et de régularité, j’ai pu retrouver “ma” ligne et mes potes. La natation est vraiment ingrate, elle te fait payer cher ton absence.
Le vélo ça a été dur car je n’avais pas vraiment de sensations: avec le froid, tu es dans la lutte constante. Le home trainer, j’en ai mangé des heures et des heures à en pleurer… En course à pied, j’ai galéré. C’est ma bête noire. Malgré tout, j’ai fais des entraînements difficiles et je sens que ça commence à bien aller.
Lorsque je me suis inscrite sur ce 70.3, l’idée était de me qualifier une dernière fois pour les championnats du monde auxquels j’avais déjà participé deux fois… Je voulais prouver à moi-même qu’à mon âge c’était encore possible :-) Cette course proposait le programme “Women for Tri” avec 25 slots supplémentaires pour les femmes. A moins d’un gros pépin, j’avais de bonnes chances de l’avoir… Ce faisant, mon objectif a légèrement changé et je me suis mis dans la tête que je voulais gagner dans ma catégorie et le “graal” serait de mettre une gifle à mes concurrentes même si je n’avais aucune idée qui elles étaient. J’aime bien me mettre des objectifs un peu absurdes… Même si cela ne se dit pas vraiment; c’est à la limite de l’arrogance. Il vaut mieux les garder pour soi afin de ne pas avoir l’air prétentieuse ou ridicule… C’est l’expérience qui parle: moins tu en dis, mieux tu gères et moins tu dois te justifier. Il n’y avait qu’une poignée de gens proches qui étaient au courant de ma participation sur cette course.. L’objectif ultime, lui, est resté secret jusqu’au bout :-)
Le moment tant attendu arrive; celui où tu n’es plus qu’à quelques jours de la course. Tu plies ton vélo, tu prépares tes affaires et surtout tu prends soin de bien préparer ta valise « vacances » pour l’après course.
Avec Elena, une amie triathlète, on arrive à Colombo le vendredi matin, 48 heures avant la course, sous une chaleur écrasante. Je déteste les jours avant la course, raison pour laquelle je préfère arriver le plus tard possible. Je n’ai plus le temps de réfléchir! En montant mon vélo, j’ai quelques soucis et je dois faire appel à des mécaniciens sur place mais je n’ai aucune confiance en eux… Je ne sais pas pourquoi, ils n’avaient pas la dégaine de vélocistes ni même de cyclistes et j’ai trouvé cela flippant ! Bref, tout rentre plus ou moins dans l’ordre et le moment de faire le check-in arrive. Pour le coup, c’est un peu le “far west” dans ce parc à vélo, les affaires devant être posées à côté du vélo, comme pour un olympique… En plus, l’espace est minuscule… Mais, au moins, ça fera une transition rapide et ça me convennait !
La nuit avant course est quelque peu bruyante. Dans notre hôtel, il y avait un bar en rooftop et j’avais l’impression que l’orchestre était dans notre chambre… Je dors plus ou moins et je me lève comme toujours avec une sensation de « je ne sais pas si je suis en forme car je ne ressens rien ». Dans le sas de départ natation, tout le monde se regarde et s’observe. Je m’amuse déjà de voir des gens dans mon sas de “30 à 40 minutes” qui, je suis persuadée, ne sont pas au bon endroit… Comme pour toutes les courses, il y a toujours des flèches qui se croient plus forts qu’ils ne le sont vraiment et viennent parasiter les départs…
C’est partit, le départ est donné 4 par 4. C’est le top car cela permet de faire un bon départ sans se prendre de coups et sans stress. Assez rapidement je commence à dépasser pas mal de bonnets de la catégorie de départ précédente et je retrouve mes amis parasites… Je fais une bonne natation et j’ai des bonnes sensations. Ca glisse mais je ne comprends rien au parcours; il me semblait complètement différent à celui ce que j’avais imagé. Ce n’était pas grave et j’ai suivi ceux qui étaient devant moi tout en gardant la bouée en ligne de mire. Je sors en 35’ , mais je ne l’appris qu’à la fin, ne portant jamais de montre en course. En arrivant dans le parc à vélo, je vois que je suis une des premières femmes à partir car nous étions toutes sur la même rangée. Cool ! Le parcours vélo était plat avec une route en assez bon état, étonnement . Certes, au premier trou, je me rends compte que mon guidon n’a pas été assez serré par mon ami “curry-mécano” et qu’il bouge. Je suis obligée de rester sur les prolongateurs pendant toute la course et de les tenir fermement pour ne pas qu’ils bougent. J’ai de bonnes sensations et je joue au chat et à la souris avec une japonaise pendant un moment jusqu’à ce que je mette une attaque. Je ne l’ai plus revu. Je dépasse Julie Moss au 15ème km et elle m’encourage (on s’était rencontrées à Kona), ce que je trouve super fair-play de sa part, respect ! Je reste concentrée et j’envoie du gros braquet, je me sens bien et j’apprécie étonnement ce parcours plat, moi qui préfère habituellement le dénivelé. Je fais une transition éclair et je pars en course à pied…Il faisait une chaleur de malade! Le parcours n’était franchement pas intéressant, sur bitume et en plein soleil. Je prends petit à petit mes marques mais j’en “chie”… Mon objectif était de rester constante sur ma vitesse et de ne pas fléchir. Mon 2ème objectif était de regarder où se trouvaient mes petites copines de ma catégorie que j’ai bien évidemment repérées auparavant en toute discrétion ;-) Les kilomètres défilent et je vois que j’emmène plutôt bien et qu’il y a peut-être 4 ou 5 filles devant moi. Par chance, elles étaient toutes plus jeunes ! Je dépasse beaucoup d’hommes, certains étaient vraiment à la ramasse… La chaleur et l’humidité étaient difficiles à supporter. Par chance, je gère bien cette condition en général et cela me donne un petit avantage. Je croise Elena à 2 reprises et elle me fait les gros yeux, genre « wtf ». J’ai l’esprit clair, je sais maintenant qu’il ne me reste plus que quelques minutes avant de franchir la ligne d’arrivée et je savoure ce moment, même si j’ai hâte d’y être. Je vois maintenant l’arche d’arrivée, j’entends le speaker qui dit mon nom et en passant me fait un check en me disant « amazing performance ». Ca y est, j’y suis, je franchis la ligne d’arrivée et je sais pas pourquoi mais je me la joue en “winner” avec les bras levés au ciel et j’ai le sourire ! Je regarde mon temps et je suis surprise car je pensais tourner dans les 5h30’ et le tableau marque 5h17′ (en réalité, je fais 5h13’), yessss ! Je récupère un peu et discute avec les gens. Je vois que nous ne sommes que quelques femmes et c’est plutôt bon signe. Je vais regarder les résultats et on me confirme que j’ai gagné la catégorie et que je fais 6 au scratch. Big smile ! Ce que je découvrirai par la suite, c’est que je mets 22’ à la seconde de ma catégorie et là je jubile, triple objectif atteint yihaaa !!! Enfin je peux me dire que tous les efforts consentis et les privations auront servis! Je n’ai pas de regrets. Pourtant, après celà, je voulais juste tourner la page et me mettre en mode vacances avec un cocktail à la main et ne plus faire une brique de sport pendant 2 semaines :-)
Pour la petite histoire drôle, au moment d’aller à la remise des slots, je dis à Elena: “prends ta carte de crédit, on ne sait jamais”. Elle termine 8ème de sa catégorie, mais au vu le nombre de slots, ça pourrait être possible… Et c’est bingo, elle chope une qualif aussi et on est mortes de rire! Le clou de l’histoire, c’est que je gagne un billet d’avion avec Sri Lankan Airlines pendant la remise des prix car j’avais participé à un Survey sur la compagnie où je les avais d’ailleurs démolis (car nous avions fait Abu Dhabi-Colombo avec eux)… Au moment où ils remettaient les prix, je dis à Elena: “punaise, je n’espérais pas gagner ça ! Re-mortes de rire et happy end !
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